Le bouclier fiscal limite le montant total des impôts à 60% des revenus d’activité déclarés. Quels sont les impôts concernés? L’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la taxe foncière et l’ISF. Qui bénéficiera du bouclier fiscal ? En pratique, ceux qui paient l’Impôt Sur la Fortune. Pourquoi a-t-on été créé ce bouclier ? Parce que des retraités ou des salariés modestes, dans certaines grandes villes ou zones touristiques, ont dû s’acquitter de très fortes sommes au titre de l’ISF, leur appartement ou leur maison ayant, bien malgré eux, pris de la valeur du fait de la spéculation foncière. Cette injustice a ému l’opinion. L’impôt allait-il obliger ces personnes à déménager, sacrifiant ainsi le bien qu’ils avaient mis toute leur vie à construire ou à conserver ? Une idée simple aurait consisté à exclure la résidence principale du calcul de l’ISF.

Les députés de droite n’ont pas choisi cette solution. En plafonnant la totalité des impôts à 60% des revenus d’activité (salaires, pensions, honoraires), mais en n’y additionnant pas les revenus du capital (appartements loués, dividendes d’actions, de parts sociales, de placements financiers et monétaires) ils ont ainsi trouvé le moyen de dispenser les plus riches de contribuer à la justice sociale, à la solidarité nationale, au financement des services publics dans la juste proportion de leurs revenus réels.

C’est ainsi qu’une rentière 65 ans, ayant vendu ses parts des Galeries Lafayette, a dû payer 8 millions d’€uros d’ISF. Cet ISF étant très supérieur à sa pension, elle s’est vue rembourser 7, 7 millions d’€uros (sur 8) au titre du bouclier fiscal à 60%.

Avec la promesse de soumettre au vote des députés de droite un abaissement du plafond à 50%, cette dame doit souhaiter l’alignement de l’Assemblée Nationale sur la politique de Sarkozy. Avec un taux de bouclier fiscal à 50%, elle n’aura bientôt plus rien à payer !

Ainsi, la droite veut-elle exonérer les personnes ayant un patrimoine de plus de 760 000 € (63 ans de smig !) de toute participation à l’effort commun pour l’école, les hôpitaux, les maisons de retraite, la sécurité sociale, de toute mesure sociale en vérité.

Johnny Halliday n’est plus le chanteur abandonné, il vient de réintégrer un paradis fiscal : la France de droite…

Michel CHAPUT